Beaucoup d’enfants sont orientés vers le judo car ils sont « hyper actifs, hyper machin, hyper truc »… hyper eux-mêmes en fait. La démarche vise souvent à contrôler ce qu’ils sont, pour le confort de l’entourage.
Pour moi, il est plus riche de leur apprendre à se connaitre et à gérer cette intensité qui les met parfois sur la touche dans leur vie quotidienne.
Il y a une grande envie du monde extérieur à contrôler l’énergie de ces « hyper » enfants.
« Au judo, il y a des valeurs » dit-on. Et c’est vrai. Mais ce sont surtout les professeurs de judo qui décident de les faire vivre et de les partager ou non dans leurs cours.
On appelle cela le code moral.
Petit, je devais l’apprendre par coeur. Je le connais encore parfaitement, les mots, les définitions, lorsque j’y pense, j’ai même encore l’odeur du dojo qui vient à moi et la sensation de porter cette petite tenue blanche en coton sur ma peau.
Mais ce qu’il reste au delà des mots, c’est de l’avoir intégré à ma manière, de le vivre à ma façon et donc de le partager… sans le faire apprendre par coeur.

La valeur suivante m’a souvent interrogé :
« Le contrôle de soi : c’est savoir se taire lorsque monte la colère »
Ici je ne parlerai pas de contrôle de soi mais de maitrise. On peut contrôler un cheval mais ne pas le maîtriser.
La différence que je fais entre les deux, c’est que lorsque l’on maîtrise il y a cette idée de faire sien, de comprendre, d’intégrer.
Je peux maîtriser mon cheval si je l’ai compris, ainsi je connaîtrai ses besoins et je saurai comment être son cavalier, son partenaire.
Le simple contrôle ne nécessite pas de comprendre, je l’entends comme un acte forcé. Je peux donc contrôler mon cheval mais ne pas le connaitre, mais l’expérience ne sera pas si belle, pas si précise, pas si fluide. Beaucoup trop d’énergie dépensée à mon goût.
On peut maîtriser la manière dont s’exprime notre colère, mais la vivre est juste fondamental. Réprimer ses émotions bloque l’énergie quelque part dans notre corps. C’est d’ailleurs ainsi que beaucoup de maladies et de tensions se créent.
Lorsque j’enseigne le judo, il m’est important que les élèves s’expriment sans déguiser leur pensée. Contents ou non.
La colère s’exprime donc sans violence envers les autres (insultes, coups), mais plutôt en nommant ce qui est là, ce qui les traverse et bien sûr en utilisant le corps pour pratiquer et s’exprimer.
L’affirmation de ce qu’il sont profondément est le ciment de leur épanouissement et si j’exigeais de couper ce feu intérieur pour la paix dans le cours alors ce serait d’une tristesse sans nom !
Et toi ? Contrôle ou maitrise ?
Dans la joie et la bonne humeur,
François
📷 : PF Glaymann