SPLASHHHHHH ! Mon ami vient de plonger de 4 mètres de haut. Il est heureux et surtout très fier. Il sort de l’eau et me lance « allez à toi maintenant ! Tu vas voir ça va être génial ! ». De nature à foncer tête baissée depuis tout petit, arrive un âge où je commence à me poser quelques questions. Je doute, je ne suis pas sûr. Quatre mètres ça commence à faire haut, je ne l’ai encore jamais fait. J’esquisse un sourire et je lui réponds que je vais y aller. Je monte l’escalier calmement. Je passe le premier plongeoir, je continue de gravir les marches. J’arrive au fameux plongeoir à quatre mètres de haut. Je suis seul. J’entends mes amis qui n’attendent qu’une seule chose, que je saute. J’ai peur. Si les autres l’ont fait, je devrais y arriver, non ? Dans ma tête de nombreuses histoires se succèdent les unes après les autres. Celle du gamin, qui s’est blessé en faisant un plongeon médiocre de 4m de haut, celle de l’adolescent qui n’a pas osé sauter et qui est devenu la risée de sa classe de 5ème. Celle du jeune qui va arrêter tout de suite de cogiter et qui va se lancer car il sait qu’il en est capable. Finalement, je vais opter pour la dernière ! La peur au ventre, je prends une inspiration, je rapproche mes pieds petit à petit du bord, jette un œil en bas. Les encouragements redoublent. C’est parti. Ma respiration se bloque, je me jette dans le vide, je perfore l’eau qui me fouette violemment le dos au passage. Je m’active dans un battement de jambes pour remonter à la surface et reprendre de l’air. Vite, je regagne le bord. Mes amis me félicitent. Fier de moi, je ressors comme si ce saut avait été une formalité. Je remonte une deuxième fois puis une troisième… et tout l’après-midi fut rythmé par les plongeons.

Cette histoire a été vécue par plus d’un d’entre nous, dans d’autres circonstances peut-être. Un mélange d’émotions fortement teintées d’orgueil et de peur. Mais finalement du courage qui engendre un passage à l’action.
Cette situation est une belle analogie de la vie. Sauter dans le vide, prendre un risque, se lancer. Même si ce saut était pour moi impressionnant, l’effet qu’il aurait dans ma vie, l’occasion unique de grandir et de surmonter une peur, ne dépendait que de moi.
Oser faire le premier pas, se lancer à la quête d’un objectif qui nous tient à cœur peut parfois être laborieux et inconfortable. Ce que nous voulons vraiment est souvent hors de notre portée et nous allons devoir sortir de notre confort pour y accéder.
Concentrons-nous sur ce qu’il y a à faire plutôt que d’avoir peur de ce qu’il pourrait nous arriver.
Lorsque j’étais athlète, j’avais beaucoup d’énergie à revendre et à vrai dire, cela partait dans tous les sens. Ma concentration pour le Judo vivait à la manière des montagnes russes. Des jours avec beaucoup d’implication et d’intention dans mes entraînements et des périodes de désert complet, sans réponse. Je me sentais en marge dans ma façon de penser et de me remettre en question. J’avais en moi un flux d’énergie incontrôlable que je peinais à exprimer. En compétition, les jours où ma peur de l’échec prenait le dessus, c’était vraiment laborieux, j’avais peur de perdre, j’étais paralysé. Comme l’impression d’être dans un marécage où l’on s’enfonce à chaque pas encore plus profondément. Les jours où j’arrivais à « lâcher les chevaux » c’était par contre un bonheur intense. Du mouvement naturel, sans mauvaises pensées qui me parasitaient, un temps d’avance sur l’adversaire. J’arrivais à exprimer mon artiste intérieur, celui qui rentrait dans le jeu balayant la peur. Lorsqu’il était sur scène il n’était plus question de gagner ou de perdre, mais juste de FAIRE ici et maintenant. Faire de l’enjeu un jeu. M’impliquer, me surpasser, m’exprimer.
Ce que j’ai compris plus tard, c’est que mon plus grand adversaire, c’était moi. En comprenant que je m’auto-sabotais régulièrement, j’ai poussé l’observation sur d’autres domaines que le sport et je faisais le même constat. Je m’enfermais dans mes propres limites, celles que j’avais construites. Comme une petite cabane confortable. J’ai donc réussi à casser le mur des croyances petit à petit à l’aide d’une personne qui avait déjà fait ce travail avec d’autres athlètes ou entrepreneurs. Le sport a été pour moi un bon révélateur et m’a permis d’aller vers moi-même avec plus de justesse. Les échecs et les réussites vécues sur cette route m’ont permis de me connaître et d’accepter ce que je suis.
On peut se chercher les histoires qui nous arrangent : les parents, les autres. Finalement, je suis convaincu que nous sommes « capitaine du navire ». De NOTRE navire.
La rencontre avec le coaching m’a ouvert les yeux sur la manière dont je pouvais être le capitaine de mon navire. Apprendre à mieux me connaître, me placer face à mes croyances, mes émotions, mes ressentis comme on se place face à un miroir. Accepter ce qui est et composer avec, pour devenir meilleur que la personne que j’étais hier.
Finalement, la vie est un merveilleux terrain d’apprentissage quotidien, en étant ouvert aux remarques et réactions des autres, nous progressons sans cesse. Chaque personne que l’on rencontre est un professeur potentiel. Lorsque je donne des cours de Judo, je me plais à dire à mes élèves, qu’ils m’aident à progresser et qu’ils sont en quelque sorte, mes professeurs. Leurs questions, leurs remarques, leurs critiques, me font avancer. Tout est une question d’attitude face au retour que nous font les autres. Nous pouvons mettre la tête dans le sable comme une autruche ou prendre un peu de distance et nous ouvrir à la critique et au changement.
Il n’est pas non plus question de se remettre en question à chaque fois que quelqu’un n’est pas d’accord avec nous ou ferait les choses différemment. Notre libre-arbitre nous permet aussi d’affirmer nos choix, nos points de vues, notre style de vie, nos convictions.
En conclusion, nous n’avons pas toujours le contrôle absolu des circonstances de notre vie. Nous avons le pouvoir de choisir nos réactions face aux événements qui se produisent, face aux obstacles qui se dressent devant nous. Ne l’oublions jamais. Le pouvoir de reculer ou … de prendre son courage, de sauter du plongeoir et d’être fier de soi.
François BARD